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De moi je fais ce que je veux,
J’aime ou je hais, selon ma fantaisie.
Ton sort pour moi, dit-elle, est peu digne d’envie ;
Car, malgré les tourmens qu’un bon cœur fait souffrir ;
Je rends grâces au ciel de ne pouvoir haïr.



FABLE CLXI.

LE LABOUREUR ET SES BŒUFS.


Un laboureur aimoit bien tendrement ses bœufs ;
Ils étoient doux et vigoureux,
Et constamment toute l’année
Travailloient sans se rebuter.
Pour abréger sa pénible journée,
Leur maître, en les guidant, s’amusoit à chanter ;
Quelquefois, n’ayant qu’eux pour toute compagnie,
Il jasoit de bonne amitié.
Oui, leur dit-il un jour, de vous j’aurai pitié,
Je prendrai soin de vous le temps de votre vie :
J’en atteste les cieux ! Courage, mes enfans,
Défrichez cette terre, et cultivez ces champs,
Vous jouirez de ma reconnoissance,
Au plus tard dans cinq ou six ans.
De ces riches humains, de leur intempérance,
Vous n’avez rien à redouter ;
Et toujours vous pourrez goûter.
À loisir la paix et l’aisance.
L’intérêt personnel ouvre bientôt l’esprit,
C’est la meilleure clef d’une langue étrangère ;
Le couple, en sillonnant, sans peine l’entendit :
Et, qui plus est, lui répondit