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C’est en t’étranglant, scélérat,
Qu’à mon maître je rends véritable service.
Quoi ! jusqu’aux animaux, disoit-il, aujourd’hui
Couvrent leurs intérêts de l’intérêt d’autrui !



FABLE CLXIV.

LE SEIGNEUR ET LES PAYSANS.


Le seigneur d’une terre à maints et maints arpens
Crioit misère un jour devant des paysans.
Les bleds, leur disoit-il, sont affreux cette année,
Des fruits pas un, voyez mes espaliers,
Non loin de ces canaux, ma vigne est inondée,
Même en quelques endroits presque déracinée.
Rien à garder dans mes greniers,
Rien à vendre dans mes celliers,
Pour le coup me voila ruiné sans ressource.
J’aurai de quoi boire et manger, vraiment,
Mais de ces fonds qui ne fait pas d’argent
À la douleur de voir tarir sa bourse.
Si ce que vous cueillez suffit à vos besoins,
Lui répond l’infortuné Blaise,
Vous serez, monseigneur, toujours fort à votre aise.
Eh ! pourquoi donc tant de soucis, de soins ?
Oh ! chacun de nous, pauvre hère,
De la bonté des cieux attend le nécessaire,
Pain noir, simple habit, rien de plus.
Vous me rendez service, ainsi qu’à Jean et Pierre,
Quand vous craignez, tremblez pour des biens superflus :
Nous allons tous revoir gaîment notre chaumière ;
Tourment de la richesse adoucit la misère.