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L’AMITIÉ TRAHIE.


Que je trouvois Thémire aimable !
Son air est séduisant, son esprit enchanteur ;
Pour elle je sentois cette douce chaleur
De l’amitié tendre et durable ;

Ses peines, ses plaisirs passoient jusqu’à mon cœur ;
Et de légèreté la croyant incapable,
Je répétois souvent : Je connois le bonheur.

Combien de fois sa voix délicieuse
M’assura d’un constant retour !
Combien de fois son amitié trompeuse
Me fit médire de l’amour !

De Thémire à présent j’éprouve l’inconstance…
Pour me venger de sa rigueur,
J’appelle en vain l’indifférence ;
Elle ne peut, hélas ! trouver place en mon cœur :

Pour chanter l’infidèle, au déclin de mon âge,
Des doux sons de mon luth je soutenois ma voix,
Et je comptois semer des roses quelquefois.
Sur le chemin qui mène au funeste rivage.
Plus de plaisirs, plus de douceurs !
En me privant de sa tendresse,
Elle a flétri le peu de fleurs
Que je gardois pour ma vieillesse.