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Sans médecins, on guérit promptement ;
Il le trouve convalescent,
Et mangeant
Un jeune et tendre agneau ; puis aperçoit sa mère
Qui dans un coin de la tanière,
Se débattoit encore, et pleuroit son enfant.
Oh ! oh ! dit-il alors, flairant la bonne chère,
Tu devenois mouton, disois-tu l’autre jour ;
Tu prenois sa douceur, ses goûts, son caractère,
Et tu voulois désormais tour-à-tour
Protéger les troupeaux ainsi que la bergère.
Ton pathétique et beau sermon
Avoit sur mon esprit fait telle impression
Que j’allois me réduire au triste pâturage,
Brouter ou l’herbe ou le feuillage.
— Quoi ! tu serois si sot ?… On ne vit pas de rien.
Tiens, partageons, cher camarade ;
J’étois mouton, lorsque j’étois malade,
Mais je suis loup quand je me porte bien.



FABLE XXIII.

LES GRENOUILLES ET LES POISSONS.


 
En se jouant sur l’eau, carpes et longs brochets,
Tout près de leur canal, découvrent des marais,
Vulgairement appellés grenouillères.
Le peuple moite et coassant
Qui prenoit l’air en ce moment,
Voyant les potentats des fleuves, des rivières,
Saisi de peur, cria, sauta,
Tout en courant se culbuta,