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Pour rentrer plutôt dans son gîte.
La plus vieille grenouille, en trottant, se lassoit,
Et parmi les joncs s’enlaçoit.
Voyant son embarras, un brochet lui disoit :
D’où vient donc regagner si vite,
Vos ennuyeux, vos misérables trous ?
Pourquoi ne pas vivre avec nous ?
Nos ondes sont toujours si brillantes, si claires !
Ah ! nos mœurs ont changé, nous traitons maintenant
Comme égaux, comme tendres frères,
Tout ce qui vit dans l’humide élément ;
Vous n’auriez, parmi nous, que des amis sincères.
La grenouille reprit : Si quelque barbillon
Me tenoit un pareil langage,
Ou bien le modeste goujon,
Je dirois à mes sœurs : quittons ce marécage
Et courons habiter avec lui sans façon ;
Mais le grand fondateur de l’empire aquatique
Grava chez nous cette sage leçon :
Pour la prospérité de votre république,
Fuyez toujours le gros poisson.



FABLE XXIV.

LE VILLAGEOIS ET LA FAUVETTE.


Pour mieux jouir d’une fauvette
Qui gazouilloit dans un buisson,
Un jeune villageois dénicha la pauvrette.
Joyeux de la tenir, il gagne sa maison,
Et lui fait au plus vîte habiter une cage
Que les oiseaux nomment prison.