Page:Ferrandière - Œuvres, 1816.pdf/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(47)

Jamais aucun parfum n’avoit tant su lui plaire.
Et de sa patte il va donner
Contre la grille trop légère,
Qui l’accroche, s’entr’ouvre ; et souris de sortir,
Et de courir, et de courir,
Pour revenir tout au plus vîte
À ce trou qui faisoit son gîte.
Alors de ce réduit qui, pour elle, est un fort,
Elle crie au matou : Tu m’évites la mort ;
Je revois mes enfans, juge quelle est ma joie !
De ton impatience il faut te repentir :
Apprends, mon beau minet, qu’on perd souvent sa proie,
Si l’on est, comme toi, trop pressé d’en jouir.



FABLE XLII.

LE LION LA CHÈVRE ET LE RENARD.


Un lion, des plus fiers, tint un jour ce langage
À plusieurs animaux voisins de son canton,
Qui, le craignant, venoient lui rendre hommage :
Tenez, mes chers amis, parlez-moi sans façon :
Quelle est ma réputation ?
Que dit-on de moi dans le monde ?
Ne suis-je point haï ?… Vous êtes révéré,
Seigneur, dit le renard, une lieue à la ronde ;
Dans ce pays, partout vous êtes adoré ;
Le bonheur de vous plaire est le seul désiré ;
Vous n’inspirez qu’amour, respect et confiance.
Une chèvre qui l’entendit,
Elle étoit jeune, hélas ! et sans expérience,
Très-brusquement l’interrompit :