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Mais, près de moi, Dieu sait quelle étoit votre humeur !
— Convenez, mon mari, que vous étiez grondeur ?
Chaque jour vous aviez bizarre fantaisie.
Tantôt sage et tantôt galant,
Le bien, le mal vous rendoient inconstant,
Et pour vos seuls plaisirs vous répandiez l’argent :
Puis il falloit souffrir de votre jalousie.
— Mais si je fus jaloux, vous savez bien pourquoi…
Votre légèreté, votre coquetterie…
Laissons cela ma femme, croyez-moi :
J’eus mes défauts, et vous eûtes les vôtres ;
Ah ! gardons-nous d’en prendre d’autres !
Reproche sait par fois ramener un amant,
Jamais l’époux, il aigrit vainement.
Oui, perdre la mémoire est bonheur à notre âge ;
Car il est peu de vieux ménages
Où le passé ne gâte le présent.



FABLE XLVIII.

LE MERLE ET L’HIRONDELLE.


Un merle échappé de sa cage
Revint à tire-d’aile habiter le bocage,
Et, répétant à tout propos
Ce qu’il avoit appris pendant son esclavage,
Il ennuyoit parfois un grand nombre d’oiseaux,
Se croyant plus d’esprit en babillant sans cesse :
Moi, disoit-il un jour, j’amuse, j’intéresse
Par mon joli langage et mes contes nouveaux.
Est-on plus ignorant que pinsons et moineaux ?