Page:Ferrandière - Œuvres, 1816.pdf/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(65)

Tout l’attristoit dans la nature ;
Chagrin et malheureux au bout de quelques mois.
Regrettant chaque jour son ami, son vieux gite,
Il n’y peut plus tenir et repart au plus vite.
Tandis qu’il se pressoit, s’essouffloit à marcher
Pour revoir cet ami, lui, venoit le chercher.
En cheminant, tous deux se rencontrèrent :
Pleurant, riant, cent fois ils s’embrassèrent.
Ah ! dit le campagnard, sans toi rien n’a d’appas !
Disputons, fâchons-nous ; mais ne nous quittons pas.



FABLE LVIII.

LE SANSONNET ET SA COMPAGNE.


Un campagnard occupoit ses loisirs
À façonner le chant et même le langage
D’un joli sansonnet qu’il avoit mis en cage :
Plaisirs purs, innocens, sont toujours vrais plaisirs ;
Heureux celui qui peut les goûter à tout âge !
Aisément l’oiseau retenoit
Les petits airs que l’on chantoit,
Et chaque mot que l’on disoit ;
Il auroit voulu tout apprendre,
Mais bientôt il fut si savant
Qu’il babilloit à tout moment,
Et qu’on ne pouvoit plus s’entendre.
Pour lui rabattre le caquet,
On lui chercha compagne tendre :
Qui de l’amour ne connoîtroit l’effet ?
Ah ! quand on le ressent, on ne jase plus guère !