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Regagne ton réduit sans autre ambition
Que de passer tes jours à faire pénitence.
Hélas ! en tout pays, ainsi que ce fakir,
Combien de précepteurs de princes,
Mais sans punition, même sans repentir,
Ont causé le malheur des cours et des provinces !



FABLE LXXXI.

LE CHEVAL ET LE LOUP.


Un superbe cheval, menant heureuse vie,
Ayant tout à souhait, de ses maîtres chéri,
Gambadoit, vers le soir, sur un gazon fleuri.
Un loup passe, l’aborde, et poliment le prie
De l’admettre en sa compagnie.
Non, non, dit le coursier, je hais trop les méchans ;
Vous êtes détesté des petits et des grands.
Et de carnage encor votre gueule est rougie.
N’aurez-vous donc jamais ni justice, ni foi ?
Changez d’état, et de goûts et de lois,
Ne versez plus le sang, paissez aux bois, aux plaines,
Et faites-vous estimer comme moi.
Cette estime à gagner vous donne peu de peines,
Dit l’autre, oh ! ne tirons de vanité de rien :
Beau sermonneur, ne vous déplaise,
Ainsi que moi, toujours mal à votre aise,
Est-il sûr qu’on vous mît au rang des gens de bien ?