Page:Ferry Jules - Le centenaire de la Révolution française (1889).djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
― 10 ―

mais contre la République, qu’on veut frapper au cœur et à la tête, ― quand je vois des républicains se résigner à prendre place dans une pareille compagnie, messieurs, je le déclare, c’est un cas pathologique. (Rires et vifs applaudissements.)

Cela ne pourrait avoir qu’une explication, c’est qu’on voulût vraiment une Constituante. Une Constituante ! Voilà, messieurs, ce que je me permets d’appeler l’aberration des aberrations. (Nouveaux applaudissements.)

Oui ! je comprends que les partisans du passé, que les hommes qui reprochent au dix-neuvième siècle d’avoir abouti à un solennel avortement, trouveraient piquant de le voir finir comme il a commencé, par une Constituante, c’est-à-dire par l’aveu que tout est à refaire dans ce pays de France. (Assentiment général.)

Mais que des républicains s’y prêtent, cela passe l’imagination.

Une Constituante ! Savez-vous ce que c’est qu’une Constituante, ce que cela suppose ? Cela suppose un de ces moments rares et sublimes en tous les pays, où il s’est fait entre les esprits et les volontés un accord si complet que toutes les résistances reculent et s’évanouissent. (Très bien ! très bien !) Cela suppose un grand courant portant une grande idée.

Oh ! des constituants, on en trouve toujours ; des Sieyès, il y en a beaucoup, et nous apercevons d’ici la petite monnaie de plusieurs Mirabeau. (Hilarité générale.) Tous ces braves gens sont tout prêts à endosser la défroque de la grande époque.