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XIX
PRÉFACE

sa nature ? » oh ! alors, c’est à n’y rien comprendre. « L’humanité, dit Feuerbach, est toujours formée par elle-même ; toujours elle puise dans son propre sein ses principes de théorie et de pratique. Si les lettres de la Bible sont immuables, leur sens varie aussi souvent que l’humanité change de manière de voir. Chaque époque a sa Bible qu’elle fait elle-même, et où elle ne lit que ses propres pensées, etc., etc. » Ces paroles sont l’alpha et l’oméga de toute sa critique, et il n’a pas d’autre but que d’en faire ressortir toute la vérité. M. Renan lui reproche donc de n’avoir pas fait précisément ce qu’il a fait et de n’avoir pas tenu compte de ce qu’il démontre à chaque page. Ou bien il ne l’a pas compris, ou c’est de sa part une mauvaise plaisanterie.

Pour mieux apprécier la manière de réfuter de M. Renan, citons de lui une page : « Plût à Dieu que M. Feuerbach se fût plongé à des sources plus riches de vie que celles de son germanisme exclusif et hautain ! Ah ! si, assis sur les ruines du mont Palatin ou du mont Cœlius, il eût entendu le son des cloches éternelles se prolonger et mourir sur les collines désertes où fut Rome autrefois, ou si de la place solitaire du Lido il eût entendu le carillon de Saint-Marc expirer sur les lagunes ; s’il eût vu Assise et ses mystiques merveilles, sa double basilique et la grande légende du second Christ du moyen âge, tracée par le pinceau de Cimabué et de Giotto ; s’il se fût rassasié du regard long et doux des vierges du Pérugin, ou que dans la cathédrale de Sienne il eût vu sainte Catherine en extase, non, il