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L’ESSENCE DU CHRISTIANISME

entier n’aurait pu contenir et renfermer… Par un homme et une femme la chair fut chassée du paradis, par une vierge elle fut réhabilitée et réunie a Dieu, » dit fort bien Ambroise (Ep. X, 82) et il ajoute (Ep. 81) : « On a raison de faire l’éloge d’une bonne épouse, mais à plus forte raison vous devez faire celui d’une pieuse vierge, comme l’apôtre dit (I. Cor. 7) ; Le mariage est quelque chose de bon, per quod inventa est posteritas successionis humanae, mais la virginité est meilleure, per quam regni cœlestis heredita acquisita et coelestium meritorum reporta soccessio : per mulierem cura successit, per virginem salus evenit. » Bernard (dans les écrits apocr.) : « La chasteté unit l’homme au ciel… la chasteté conjugale est bonne, sans doute, mais meilleure est celle des célibataires (continentia vidualis) ; mais ce qui est supérieure tout cela, c’est la virginité (interitas virginalis). » Le même : « Pulchritudinem hominis non concupiscas (p. 23). Fornicatio major est omnibus peccatis… Audi beati Isidori verba : Fornicatione coinquinari deterius est omni peccato (p. 23). Virginitas cui gloriae merito non praefertur ? Angelicae ? Angelus habet virginitatem, sed non carnem, sane felicior quam fortior in hac parle (Epist. 113 ad Sophiam virginem). » « Memento semper, quod paradisi colonum de possessione sua mulier ejecerit (Hieronym. Ep. Nepotiiano)[1]. » In paradiso virginitas conservatbatur : ipse Christus virginitatis gloria non modo ex patre sine initio et sine duorum concursu genitus, sed et homo secundum nos factus, super nos ex virgine sine alieno consortio incarnatus est. Et ipse virginitatem veram et perfectam esse, in se ipso demonstravit. Unde hanc nobis legem non statuit — non enim omnes capiunt verbum hoc, ut ipse dixit — sed opere nos erudivit (Joann. Damascen. orthod. fidei, IV, 25). »

  1. La femme, comme jadis ayant fait chasser l’homme du paradis, ne mérite point d’estime. Mais Jérôme oublie qu’elle n’y était qu’un simple instrument de Dieu ; sans la femme Adam ne serait pas tombé, la sulbltime Comedia divina n’aurait pu se faire. Et remarquez qu’Ève n’aurait pas pris la pomme diabolique si le Sammael n’y eut pas été ; le démon était donc nécessaire au plus haut degré à Dieu pour faire la Commedia divina. Et remarquez que Judas le traître était essentiellement nécessaire pour la Passion du Christ ; sans lui elle n’aurait pu se faire, donc Judas le traître était nécessaire pour la Commedia divina. D’où s’ensuit qu’une secte qui aurait une espèce de culte pour Ève, le démon et pour Judas, serait logique. Voilà où conduit la comédie théologique. (Le traducteur)