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L’ESSENCE DU CHRISTIANISME

tes ; nous voilà forcés de nouveau à être polythéistes : « Quia ergo Pater Deus, et Filius Deus et Spiritus Sanctus Deus, cur non dicuntur tres Dii ? Ecce proposuit hanc propositionem (Augustinus) : attende quid respondeat… Si autem dicerem : Tres Deos, contradiceret Scriptura dicens : Audi Israël, Deus tuus unus est. Ecce absolutio quaestionis : Quare potius dicamus tres personas quam tres Deos, quia scilicet illud non contradicit Scriptura » dit Pierre Lombard (I, Distinc., 23, c. 3). Ceci est très édifiant on voit combien déjà le vrai catholicisme a suivi le texte de la Bible.

Une âme religieuse, qui par hasard a réussi à conserver toute sa candeur, doit nécessairement être poussée dans les plus terrible contradictions aussitôt qu’elle étudie le dogme de la Trinité chrétienne. Ces contradictions peuvent aller jusqu’à la destruction, jusqu’à l’aliénation mentale, comme cela est très bien développé dans un ouvrage que nous avons cité plusieurs fois : « Théanthropos, une série d’aphorismes (en allemand) ; » il discute dans la forme de l’âme religieuse ce que notre Essence du christianisme discute dans la forme de la raison. Nous recommandons par conséquent le livre « Théanthropos » surtout aux lectrices.


Chapitre XIII.

La Contradiction dans les Sacrements.


L’essence objective de la religion, c’est Dieu ; nous l’avons vu se dissoudre sans retour par les nombreuses contradictions qu’il porte dans son intérieur. Tournons-nous après ce déicide maintenant vers l’essence subjective ; voyons si elle résiste à une attaque dialectique bien dirigée.

D’abord, quels sont les éléments constitutifs de la religion subjective ou de la religiosité ? Ce sont la foi et l’amour d’un côté, et deux sacrements, le saint Baptême avec la sainte Cène, de l’autre. Le sacrement, de la foi, c’est le Baptême ; celui de l’amour, c’est la Cène.

On parle encore d’autres sacrements : on a tort. Comnent y pour-