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L’ESSENCE
DU CHRISTIANISME.

— LOUIS FEUERBACH (1842) —




PRÉFACE DE L'AUTEUR


Les jugements erronés et perfides qui ont tout d’abord été portés sur ce livre, ne m’ont nullement étonné : je n’en pouvais point espérer d’autres. C’est par ce livre que je me suis brouillé avec Dieu et le monde. En effet, j’ai eu l’insolence impie et inouïe de dire, dans la préface de la première édition, ce qui suit :

« Le christianisme, lui aussi a eu son époque classique, Or, comme rien ne mérite de servir d’objet à la pensée, sinon ce qui est classique, ce qui est vrai et grand, et que toute chose petite, fausse, mesquine, non classique enfin, tombe de droit dans le domaine de la satire, il en résulte que, pour pouvoir méditer sur le christianisme, il faut absolument oublier celui qui se prélasse aujourd’hui sous nos yeux d’une façon assez épicurienne, prenant de son mieux toutes ses aises, coquet, bel-esprit, mais sans caractère ; il faut se reporter à ce siècle où la grande fiancée du Christ, vierge chaste et immaculée. ne pensait pas encore a entrelacer dans la couronne d’épines de son époux céleste les roses et les myrtes de la Vénus païenne ; dans les temps éteignes où cette fiancée était pauvre