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ANNE ET CATHERINE DE PARTHENAY

lents qui captivent la société les plus solides connaissances, nourrie dans l’étude des langues classiques et même de la théologie, ainsi que l’en a félicitée Théodore de Bèze. Nièce de la précédente, Catherine de Parthenay, dont la vie romanesque fut étroitement liée à divers événements de notre histoire, eut encore plus de réputation dans les lettres. Ce fut en outre l’une des fermes colonnes du parti protestant ; le cœur chez elle était au niveau de l’intelligence. Fille du seigneur de Soubise, elle devint en 1568, vers l’âge de quinze ans, la femme du baron de Pont, qui périt enveloppé comme calviniste dans le massacre de la Saint-Barthélémy. Il suffirait de dire, pour l’honneur de l’éducation sérieuse qu’on donnait aux dames à cette époque, que la jeune baronne, en vue de déguiser un commerce de lettres qu’elle entretenait avec sa mère, lui écrivait en latin et la priait de lui répondre dans cette langue. D’un second mariage, contracté en 1575 avec le vicomte René de Rohan, prince de Léon, elle eut deux fils, dont l’un fut le fameux Henri de Rohan, et trois filles, entre lesquelles l’une, que le duc des Deux-Ponts épousa, avait fait à Henri IV, qui l’aimait, cette fière réponse : « Je suis trop pauvre pour être votre femme et de trop bonne maison pour être votre maîtresse. » Une autre lisait l’Écriture dans le texte hébreu et avait pour la poésie de rares dispositions, que sa piété seule l’empêcha de cultiver. Quant à Catherine de Parthenay, la digne mère de ces nobles enfants, en butte aux discordes civiles et calviniste convaincue, elle soutint le siège de la Rochelle avec la plus mâle intrépidité. Elle avait défendu qu’on