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MARIE STUART.

âgée de quatorze ans, prononcer une harangue latine dans le but d’établir « combien il sied aux femmes de connaître les lettres et les arts libéraux. » Semblable en quelques points à Christine de Suède, Marie Stuart possédait six langues outre le français ; elle excellait surtout à parler et à écrire la nôtre : heureuse si elle avait pu commander toujours à son imagination et à son cœur ! La troupe alors nombreuse des poètes, captivée par l’attrait piquant et sérieux de son esprit, vit en elle une divinité protectrice ; et Ronsard s’écriait en la saluant de ses hommages :


 .....Toute beauté
Près de la sienne est laide, et la mère nature
Ne composa jamais si belle créature.


Plus tard, ce souvenir des triomphes de sa jeunesse, lorsqu’on applaudissait à son printemps, comme on l’a si bien dit, plus qu’à l’éclat de sa fortune, inspirait au cardinal du Perron ces paroles d’un douloureux contraste :


Ainsi serve et captive en triomphe est menée
Celle que tant de pompe et de gloire suivait,
Quand sa jeune beauté les peuples captivait,
Célébrant dans nos murs son premier hyménée.


Et peu après le même du Perron vouait à l’opprobre l’auteur de la mort de cette princesse, Élisabeth, sa parente, qui l’avait immolée


Contre tout droit divin et toute humaine loi[1].

  1. Au seizième siècle, fort ami des anagrammes, on découvrit celle-ci dans le nom de Marie Stuart à l’époque de son supplice : Tu as martire.