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MARGUERITE DE FRANCE

lettres et pour les pauvres, elle mourut fort obérée en 1615. Nous ne saurions mieux terminer, pour ce qui la concerne, qu’en citant cet éloge de Brantôme, celui de tous les éloges qui était le plus propre à la charmer : « S’il y eût jamais au monde une parfaite beauté, c’est Marguerite de Valois ; je crois que toutes celles qui sont, qui seront et jamais ont été près de la sienne, sont laides. » Il ajoutait « qu’elle était la dame la plus éloquente et la mieux disante. » Et ce n’était pas seulement en français : pour elle encore l’étude du latin et de l’italien avait été un jeu, grâce à sa facilité d’apprendre. Ces langues, on l’a déjà vu, étaient pour les deux sexes également la base d’une éducation libérale, et les dames spécialement se piquaient de parler avec pureté l’idiome de Dante et de Pétrarque, alors illustré par Vittoria Colonna, par Olympia Morata et par Cassandra Fedèle.

Une seconde Marguerite, dans cette même maison, n’a pas été indigne d’un souvenir[1] : c’est la fille de François Ier, Marguerite de France, née à Saint-Germain en 1523, qui dans l’âge le plus tendre embrassa avec ardeur les goûts de la renaissance. Ni le latin ni le grec ne lui étaient inconnus, et elle n’eut garde de négliger sa propre langue au milieu des exemples qui l’entouraient. Les poètes érudits, tels que d’Aurat et Ronsard, étaient sa compagnie habituelle, et, plus persévérante que son père, alors même qu’il se fut un peu

  1. Voyez la lettre déjà citée de Pasquier, XXII, 5, où il est question des trois Marguerites.