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MARGUERITE DE NAVARRE

De loin venez ; l’Écriture certaine
L’avait prédit, ce n’est pas chose vaine,
Que vous viendriez du côté d’Orient :
Si au venir avez eu de la peine,
Foi vous fera retourner en riant.

Tel est aussi le chant placé dans la bouche des rois qui célèbrent le nouveau-né :

 Ce petit bras d’enfance
 De frapper a puissance
 Jusqu’aux fins de la terre.
 Celui qui mot ne sonne
 Parle haut quand il tonne
 Par éclairs et tonnerre…

Le drame se termine par l’intervention de Dieu : « Criez dans tous les cieux, dit-il aux anges, que mon fils,

Par les tyrans, pleins de faux jugement,
Ne peut périr, mais sans fin durera ;
Et mes élus en lui semblablement.

Cette protection de l’Enfant divin contre les sinistres projets d’Hérode se manifeste ensuite dans la Comédie des Innocents. Lorsque instruit de l’arrêt de mort qui frappe les nouveaux-nés, Joseph a réveillé Marie pour l’engager à sauver son fils par un prompt départ, elle se hâte de répondre :

Ami, sans attendre à demain,
Tous deux nous faut mettre la main
Pour emporter notre bagage ;
Et l’enfant tant doux et humain,
Le sauvant du roi inhumain,
Porterai : c’est mon héritage.