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MARGUERITE DE NAVARRE

 Et tenir les danses.
 J’aime et suis aimée…
 Loin de lui, j’écris ;
 Et quand le revoi
 Assis près de moi,
 Écoutant ses dits,
 J’y prends tel plaisir
 Que je n’ai désir
 D’être en paradis.
 Mon cœur n’est plus mien :
 Il s’en court au sien…
 Amour je soutiens
 Cause de tous biens
 Jusques à la mort :
 Car la servitude,
 La peine ou l’étude,
 Qui est en amours,
 M’est liberté, joie,
 Pourvu que je voie
 Mon ami toujours.

Ces propos continuent tour à tour dans un certain nombre de scènes, qui se succèdent plus qu’elles ne se lient ; ils finissent par une contredanse où se réunissent vieilles et vieillards, hommes, femmes et jeunes filles.

La pièce des Quatre dames et des quatre gentilshommes ne présente guère non plus que de longs monologues où ces personnages expriment successivement les sentiments divers qu’ils éprouvent. La première dame, qui affecte l’insensibilité, déclare qu’elle ne peut rendre passion pour passion à celui qui l’aime, bien qu’elle se plaise à reconnaître tout son mérite. La seconde, plus tendre et plus franche, ne dissimule pas les atteintes