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AU SEIZIÈME SIÈCLE

étrangère aux belles stances de Polyeucte et aux chœurs sublimes d’Esther ou d’Athalie : comme si, par un heureux concours de circonstances, les influences les plus diverses et en apparence les plus opposées avaient du se concilier et conspirer en quelque sorte pour le progrès social de la France et pour sa gloire littéraire.

En réalité nous aurions pu commencer par Marguerite la série des femmes poëtes, que nous avons mieux aimé terminer par elle à cause de sa célébrité même et de l’importance qu’elle avait à nos yeux. Nous n’en sommes pas moins arrivé, en parcourant avec exactitude tous les anneaux de cette chaîne qui embrasse presque l’étendue d’un siècle, jusqu’à la fille d’adoption de Montaigne, mademoiselle de Gournay, dont nous nous abstiendrons de parler ici, parce que nous allons lui consacrer une étude spéciale. Encore mademoiselle de Gournay qui mourut fort âgée, en 1645, n’appartient-elle pas plus au seizième siècle qu’au dix-septième, dont elle put connaître les principales gloires, où elle put voir notamment ces futurs ornements de leur sexe, destinés à en être l’honneur immortel, madame de La Fayette, madame de Sévigné, madame Deshoulières, qui ont mérité d’avoir une belle place parmi les écrivains du règne de Louis XIV. C’est à ce seuil de l’âge classique du pays que notre but était de conduire en ce moment le lecteur et que nous devons le laisser.

Rassasiés des chefs-d’œuvre du grand siècle, nous ne ramènerons pas sans fruit notre pensée reconnaissante vers ceux qui en ont été les précurseurs. C’est à