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MADEMOISELLE DE GOURNAY.

dame d’honneur de la reine mère du roi. On sait comment elle avait obtenu ce poste : aimée de Henri IV, elle avait su lui résister ; et ce prince, plein de respect pour sa vertu, l’avait placée auprès de Marie de Médicis, voulant, disait-il, puisqu’elle était vraiment dame d’honneur, qu’elle en possédât le titre. C’est à cette personne distinguée que mademoiselle de Gournay adresse, suivant son langage un peu maniéré, « le combat qu’elle présente aux duels et à la médisance ; » car les duels proviennent de la médisance pour la plupart, comme elle le fait observer. Dans ce travail, divisé en trois parties, elle expose d’abord, avec les résultats déplorables du vice qu’elle attaque, les peines sévères que lui ont infligées les anciens législateurs ; elle s’occupe ensuite plus spécialement de la moquerie, que saint François de Sales définissait la plus cruelle des médisances[1]  ; elle insiste principalement sur ce que l’esprit frondeur, de jour en jour plus général parmi nous, a de périlleux pour le pays (idée à laquelle elle aura occasion de revenir). C’est, à l’en croire, la témérité des mauvais propos qui, depuis soixante ou soixante-dix ans, a suscité presque toutes les calamités de la France : les rencontres particulières qu’elle a causées ne lui ont pas coûté moins de soixante mille de ses généreux enfants. Il était temps, continue-t-elle, que la rigueur des édits contre le duel fût sérieusement appliquée. Jusque-

  1. Introduction à la vie dévote, ouvrage d’un pieux chrétien et d’un excellent écrivain français, que le saint évêque composa, sur la demande de Henri IV, pour les personnes de la cour en particulier, et qui réalisa tout le bien que ce prince en avait attendu.