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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

mais ses instruction lui prescrivaient d’occuper la campagne pour tenir l’ennemi en échec. Sur son avis il parut donc nécessaire de nommer en outre, pour commander à Sienne même, un lieutenant du roi. Pour ce poste aussi délicat que grave, à raison des circonstances, Montluc fut désigné, malgré plusieurs oppositions très-vives, en particulier celle de Montmorency.

Quel soutien assez efficace réussit à vaincre ces oppositions ? Celui du souverain lui-même, qui n’avait pas oublié Cérisoles. Vainement l’accusait-on auprès de lui, et Montluc lui-même s’en est accusé avec une honorable franchise, « de ce méchant naturel, âpre, fâcheux et colère qui sentait un peu et par trop le terroir de Gascogne. » Henri II tint bon dans sa préférence. Seulement, en transmettant l’ordre du départ au chef qu’il honorait de son choix direct, il l’avertissait « de laisser un peu sa colère en Gascogne, s’accommodant à l’humeur du peuple de Sienne. »

Montluc, alors malade à Agen, ne songea pas même à décliner cette preuve de la confiance royale. Huit jours après ses préparatifs étaient achevés, et surmontant sa faiblesse physique, il se traînait jusqu’à Montpellier, ensuite jusqu’à Marseille, d’où il s’embarqua pour sa destination.

La fièvre qui le travaillait n’avait fait cependant que redoubler d’intensité ; mais il était habitué à faire taire la maladie et la douleur devant le devoir. Aussi dès son arrivée sut-il se faire connaître pour ce qu’il était ; et à la première alerte il montra aux habitants