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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

du Bartas, etc. Montluc mérita une place auprès d’eux par sa supériorité dans le genre qu’illustrèrent aussi les du Bellay, les Tavannes et plusieurs autres.

Ce n’est pas d’aujourd’hui, on le sait, que notre littérature militaire a compté plus d’un monument célèbre et qu’elle occupe dans notre domaine intellectuel un rang d’une sérieuse importance. À part la question de langue (puisque la nôtre n’était pas encore tout à fait sortie de l’enfance), plusieurs des livres de Montluc, et notamment le troisième, ne seraient pas trop indignes, pour la valeur de la pensée, d’être placés à côté des récits de Xénophon et de César. C’est là une de nos vieilles richesses dont un critique, qui n’a pas peu fait pour les exhumer[1], nous reprochait il y a peu de temps de n’être pas assez préoccupés et assez fiers, ajoutant que depuis longtemps elles seraient classiques, si on les eût rencontrées chez Thucydide ou tout autre ancien.

Que de choses en effet qui reposent enfouies, comme un trésor caché, dans nos vieux livres, et que nous eût enviées l’antiquité grecque ou romaine, disons mieux, qu’elle eût léguées à l’admiration des siècles ! Tels sont les Commentaires de Montluc, qui embrassent toute la période des Valois et où l’auteur a merveilleusement peint cette époque ardente, astucieuse et cruelle. Comme cette dynastie, il a de l’Italien autant que du Français, et ses défauts, comme ses qualités, font de lui l’un des plus curieux représentants de cette littéra-

  1. M. Sainte-Beuve.