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LE MARÉCHAL DE MONTLUC.

« qu’ils valent plus sur l’eau que sur la terre, » tandis qu’à nous-mêmes, ajoute-t-il, « notre fait est plus propre sur la terre que sur l’eau. » Mais la puissante cohésion dont nous pouvons tirer tant de ressources, ce principe véritable de notre force, ne lui échappe pas. Rappelant les mauvais succès de Charles-Quint en 1537, « ce prince connut, dit-il, ce que c’est que d’attaquer un roi de France dans son royaume. » C’est, remarque-t-il ailleurs, que « la France bien unie ne peut être conquise sans perdre une douzaine de batailles, vu la belle noblesse qu’il y a et les places fortes qui s’y trouvent. » Ailleurs il détermine bien en passant le caractère de cette noblesse, à qui il a manqué un certain esprit de suite pour maintenir sa puissance dans le pays : « Je crois qu’il n’y a telle noblesse au monde que la française, ni plus prompte à mettre le pied à l’étrier pour le service de son prince ; mais il la faut employer lorsqu’elle est en bonne dévotion. »

Ces jugements ne sont pas les seules indications précieuses que l’on puisse tirer de son livre ; bien loin de là. Il nous fournit sur la société et les mœurs du temps des détails pleins d’intérêt. On n’aurait pas cru trouver chez ce rude guerrier un esprit si juste dans ses appréciations et tant d’observations fines d’une parfaite vérité. Il peint en homme qui Fabien connue, et par un choix de détails expressifs, cette cour frivole des Valois qui allaient en riant au précipice. L’ardeur du plaisir, comme une contagion, avait envahi la société, et le goût des amusements, particulièrement celui