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GUILLAUME BUDÉ.

de Saint-Gall, ce précieux dépôt fut conservé[1]. Sous Philippe-Auguste, à Paris même, florissait une école grecque ; au temps de Pétrarque, par ses soins et ceux de Boccace, il s’en établit une autre en Italie. Mais ces germes heureux avaient été étouffés ou dispersés par les guerres du quatorzième et du quinzième siècle, ou pour mieux dire, ces connaissances isolées n’avaient nullement pénétré dans le domaine de l’éducation publique. Malgré les exceptions que l’érudition peut rechercher et constater, il faut reconnaître qu’en 1515 le grec n’était pas étudié en France, et surtout n’était pas enseigné dans les écoles.

M. Rebitté va plus loin : il ajoute que dans les cours de l’Université on lisait alors un certain nombre d’ouvrages écrits en latin barbare, et non pas les auteurs originaux de l’antiquité. À ce compte, on eût été beaucoup moins avancé qu’au commencement du treizième siècle, où Evrard de Béthune expliquait, devant un nombreux auditoire, Virgile, Horace, Ovide, Lucain, Stace, Juvénal et Perse. Il n’est que juste de déclarer que jamais cette étude des classiques de Rome n’avait disparu d’au milieu de nous. Sans doute la scolastique asservissait encore les esprits, et comprimait par son jargon l’élan de la pensée. Toutefois M. Rebitté nous trace à cet égard un tableau trop sombre ; c’est qu’il prend à la lettre les exagérations de quelques contemporains mécontents. Qu’une direction plus intelligente fût à

  1. Hallam a recueilli avec soin les traces de ces traditions savantes : Histoire de la littérature de l’Europe pendant les quinzième, seizième et dix-septième siècles, t. I, p. 88 et suiv.