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GUILLAUME BUDÉ.

et les avait mises en crédit ; ces faveurs se firent un peu attendre, mais elles ne manquèrent pas à Budé. Il fut tour à tour attaché à plusieurs ambassades, nommé secrétaire et conseiller du roi, placé à la tête de la bibliothèque de Fontainebleau, enfin revêtu du titre de maître des requêtes, à l’époque où il n’y avait que huit fonctionnaires qui le possédassent en France. Cette dernière distinction, aussi prisée alors qu’elle était rare, lui fut spécialement accordée par François Ier, comme l’atteste Ménage[1], « à cause de la connaissance parfaite qu’il avait de la langue grecque » et qui lui mérita ce distique de Buchanan :

Gallia quod græca est, quod Græcia barbara non est,
 Utraque Budæo debet utrumque suo.

Malgré le soin qu’il mit à s’acquitter de ces charges publiques, et les fréquents assauts de la souffrance qu’une santé usée par tant d’efforts lui faisait éprouver, Budé ne cessa, jusqu’à l’âge de soixante-treize ans, d’étudier et d’écrire. La mort seule devait faire tomber la plume de ses mains : ce fut le 25 août 1540.

On doit savoir gré à M. Rebitté d’avoir présenté une analyse fidèle des ouvrages dont la composition remplit cette vie sans repos. À cet égard, il ne s’est pas contenté de suivre les traces de ses meilleurs devanciers ; chemin faisant, il a fixé plus d’un point encore indécis, en distinguant les travaux faussement attribués à Budé de ceux dont il est véritablement l’auteur ; et des

  1. Vitæ P. Ærodii et Menagii, p. 296.