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GUILLAUME BUDÉ.

difficultés de philologie jusque-là pendantes ont reçu de lui leur solution. Ainsi, en traitant des dictionnaires grecs composés en France au seizième siècle, par une discussion savante et solide, il a démontré d’une manière victorieuse qu’en dépit d’une opinion souvent répétée et de plusieurs apparences qui semblent la fortifier, Budé ne publia en réalité aucun lexique semblable : c’est un fait désormais acquis à l’histoire littéraire. Mais le principal mérite de M. Rebitté est d’avoir discerné et fait habilement ressortir la pensée commune dont émanent toutes les œuvres de Budé. Pour expliquer la persévérance opiniâtre avec laquelle il voua son existence à l’étude, ne fallait-il pas montrer qu’une conviction profonde subjugua son esprit, qu’une passion échauffa son âme ? Telle est l’idée dont le livre de M. Rebitté nous offre le développement.

« Il est au midi de l’Europe, a dit M. de Rémusat[1], une terre étroite qui, même inculte et désolée, charme encore et ravit les yeux par la seule beauté de ses lignes, de ses couleurs et de son ciel ; » cette patrio de la gloire, du génie et des arts, c’est la Grèce ; et de là devait venir l’inspiration qui féconda le plus heureusement l’esprit français. Budé le pressentit, et le but constant, l’emploi de sa vie, fut, suivant M. Rebitté, d’échauffer notre sol de ce vivifiant soleil qui avait lui sur tant de chefs-d’œuvre, de faire fructifier parmi nous tous les germes précieux que ce climat favorisé avait vus éclore : sous les auspices et par les soins constants

  1. Dans un fragment sur l’Histoire philosophique de la littérature française.