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GUILLAUME BUDÉ.

du temps, ils recouraient à des locutions nouvelles. Le latin classique ne s’accommodant plus aux usages, aux besoins du monde qui s’était élevé sur les débris de l’empire romain, il fallait que ses formes trop étroites se dilatassent en quelque sorte, afin de se prêter aux exigences de la civilisation moderne. Quant aux jurisconsultes, bien loin qu’ils eussent eux-mêmes de l’aversion pour les études littéraires, ces études formaient, au contraire, leur délassement le plus habituel. Il suffirait, pour rappeler cette alliance heureuse du droit et des lettres, de citer les noms d’Alciat, d’Arnaud du Ferrier, d’Hotman, de Pasquier, et de tant d’autres personnages éminents, célébrés par Sainte-Marthe[1]. Budé lui-même ne fut pas étranger aux connaissances et aux talents des jurisconsultes. Le premier, suivant la remarque d’Hallam[2], il eut la gloire, dans ses Observations sur les Pandectes, de fournir de meilleures interprétations verbales, et de faire servir la littérature philologique et historique à l’explication du droit romain. À la fin de sa carrière, il revint aux mêmes travaux. C’est ce qu’atteste son ouvrage intitulé Forensia, que la mort l’empêcha de terminer, et dans lequel il s’applique à donner la clef des termes de la procédure ancienne.

  1. Pasquier loue lui-même ses contemporains « d’avoir mêlé l’élégance du style et les bonnes lettres avec le droit, » Recherches de la France, IX, 38 ; et il parle encore, au chapitre suivant, « du mariage de l’étude du droit avec les lettres humaines, qui fut fait au temps de Budé, par un langage latin, net et poli. »
  2. Histoire de la littérature de l’Europe, t. I, p. 261