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LOUISE LABÉ.

Tel a été le privilège de Louise Labbé, dont la carrière fut courte. Elle expira à près de quarante ans, cet âge où l’éclat de la beauté s’efface et au delà duquel Ronsard défendait au poète de chanter. C’était, pour Louise Labé, mourir à propos. Aujourd’hui on voudrait connaître avec exactitude cette physionomie expressive, qu’animait le feu de l’esprit : ainsi nous l’assurent les contemporains ; mais si nous ne manquons pas de bustes et de portraits qui portent son nom, il faut avouer que ce ne sont guère là que des œuvres de pure invention. On s’accorde toutefois à la représenter comme assez grande et joignant à une taille bien prise des bras et une gorge d’un admirable contour. La tradition nous la peint aussi avec quelque chose de la pureté du profil grec dans le visage, des cheveux blonds, des sourcils noirs, un front haut, des yeux brillants et pleins de tendresse, de belles dents et des lèvres vermeilles, d’où sortait un sourire plein de grâce.

Ajoutons qu’elle fut généreuse et bonne. Son testament, qui a été conservé jusqu’à nous, en offre la preuve. On y voit les pauvres figurer au premier rang : elle leur lègue mille livres, établit des dots de cinquante livres pour trois jeunes filles indigentes, et n’oublie pas des legs pour ses domestiques. À ses neveux, dont elle fait ses héritiers, elle substitue même les pauvres de l’aumône générale de Lyon, dans le cas où ils ne laisseraient pas d’enfants.

La mort prématurée de Louise, qui suivit de très-près ce testament, daté du 28 avril 1565, fut l’occasion