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Voilà comme on les rend gentilles,
Que c’est charmant ! Que c’est donc bon
D’être pion, (bis)
Dans un Lycé’ de jeunes filles !

II


Il faut avant tout être artiste,
Point terre à terre ni bourgeois,
Pour saisir le charme, — il existe ! –
De gouverner ces frais minois,
C’est un poste de confiance,
Tentant comme un fruit défendu !
Ne mords point, pas de défaillance
Malheureux, ou tout est perdu !
Tu ne mords pas, mais tu grapilles,
Que c’est charmant ! Que c’est donc bon
D’être pion, (bis)
Dans un Lycé’ de jeunes filles.

Rose.

Qu’est-ce qu’il a donc le pion, à parler comme ça tout seul ?

Émilie.

Il a peut-être des peines de cœur ?

Du Tréteau.

Mademoiselle Sophie, qu’est-ce que vous avez donc à plonger dans votre pupitre ? (Il va à Sophie.) Montrez un peu la cuisine que vous faites là-dedans.

Sophie.

Mais, m’sieur…

Du Tréteau, ouvrant le pupitre et en retirant une petite casserole.

Du chocolat ! Vous faites du chocolat ! C’est comme ça que vous vous préparez au baccalauréat !… Vous ne rougissez pas de votre gourmandise. (Il le goûte.) Tiens, il est bon, où l’achetez-vous ?

Sophie.

Je ne l’achète pas, m’sieur, je le chipe à maman.