Page:Feydeau - Le Bourgeon, 1906.djvu/40

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Huguette.

Oh ! Vous me voyez faisant de la respiration artificielle en amazone ! (Passant devant la comtesse pour gagner le milieu de la scène.) Mais non, ma tante ! là, corps à corps, face à lui, comme pour lutter… et c’était une lutte, en effet, contre la mort, là, qui guettait ! Aussi, à nous deux ! Je charge un marinier de la manœuvre des bras, tandis que moi, je m’occupais à rétablir les fonctions respiratoires par des pressions régulières au bas du sternum ; pendant ce temps-là, les autres me cherchaient des serviettes chaudes, des briques chaudes, des fers chauds, tout ce qu’on pouvait imaginer de chaud pour ramener la circulation !… Et nous avons respiré artificiellement comme ça pendant une heure et quart ! Ah ! je n’en pouvais plus ! Voilà que tout à coup nous avons vu la poitrine se soulever faiblement. Oh ! quelle émotion ! Nous n’en croyions pas nos yeux. Nous étions haletants ! Puis, soudain, un paquet d’eau de mer rejeté ! et un cri, un cri rauque, terrible, déchirant ! un cri, qu’on n’oublie pas ! Ah ! ce cri, il m’a résonné jusqu’au cœur… Quelle joie ! C’était la résurrection ! Je vainquais la mort ! Je