Page:Feydeau - Un monsieur qui n’aime pas les monologues.djvu/9

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Mais, tenez, pour vous prouver que je ne suis pas de parti pris : la chanson, la romance, je comprends très bien ! parce qu’il y a la musique ; c’est faux, archi-faux, mais il y a la musique. Voilà l’excuse. C’est une façon de vous dire : « Vous savez, n’en croyez pas un mot ! » Tandis que le monologue, on dirait toujours que c’est arrivé. Ainsi, dans les tragédies de Corneille, c’en est rempli ; chaque fois qu’il y en a un, je quitte la salle ; ça m’agace ! et je ne rentre que lorsqu’un second personnage rentre aussi. C’est pour cela que vous me voyez toujours aux strapontins ; c’est plus commode pour sortir ! Malheureusement, on les a supprimés. Enfin, je vous demande un peu, quoi de plus ridicule qu’un homme qui a bien autre chose à faire que de bavarder tout seul, et qui se met à déclamer, par exemple :

Déclamant.


Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie !…


C’est idiot !… Encore s’il y avait de la musique !