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iv

mandation de son pasteur, de ne rien entreprendre sans implorer l’assistance divine. Au sommet d’une belle colline il se jeta à genoux pour prier Dieu ; il songea à la douleur de ses parens qu’il ne reverrait plus ; son courage l’abandonna. Il résolut à l’instant de retourner sur ses pas, ne fût-ce que pour revoir sa mère. Conduit devant le recteur, il lui fit un récit si naïf de tout ce qui lui était arrivé que celui-ci, non seulement lui fit grâce de la punition, mais encore lui accorda plus de liberté et le fit traiter avec douceur. Il se réconcilia enfin avec sa nouvelle position, se livra sérieusement à ses travaux et fit des progrès rapides. Il s’était procuré secrètement les ouvrages satiriques que Lessing publiait alors contre le pasteur Gœtze. Cette lecture excita en lui le besoin d’une liberté d’examen indéfinie ; ce fut pour lui le commencement d’une nouvelle vie intellectuelle.

À dix-huit ans Fichte se rendit à l’université de Jena pour étudier la théologie, parce que tel était le vœu de ses parens et de son père adoptif. Les doutes que cette étude lui firent concevoir excitèrent son génie philosophique. Il s’occupa surtout du problême de la liberté morale dans ses rapports avec la nécessité ou avec la providence, et il se décida pour l’opinion désignée sous le nom de déterminisme. La lecture de Spinosa et de la réfuta-