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terre que pour la réalisation de cette idée. L’exécution de ce grand plan s’étendra certainement au-delà d’une vie d’homme ; sa dynastie doit la continuer après sa mort, jusqu’à ce que dans mille ans peut-être arrive un autre héros inspiré appelé par une autre révélation à continuer sa création et celle de Charles.

On a pressenti qu’il y avait avec lui une autre marche à suivre qu’avec les autres dominateurs passés ou actuels. Cela est vrai. Quelques publicistes ont pensé que les intentions du général ont été modifiées par l’hérédité établie dans sa dynastie. C’est en cela qu’on l’a mal compris. Les souverains sont habitués à se considérer comme les défenseurs de la propriété et de la vie, comme un moyen pour ce but, moyen qui ne doit jamais être sacrifié : lui au contraire se présente comme le défenseur d’une volonté absolue (qui est elle-même le but), comme le défenseur d’une loi du monde, mais qui dans le fait n’est qu’une volonté individuelle, un caprice revêtu en apparence des forces de la volonté morale. Telle est la nature distinctive de cet homme, que ses adversaires ne sont pas seulement en état de comprendre. Il est bien vrai que tout doit être sacrifié au moral, à la liberté ; il a très-bien vu que tout devait être sacrifié, mais pour sa personne ; et il tiendra sa