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ÉPREUVES MATERNELLES

— Cela vaudrait la peine que l’on se dérangeât pour s’informer…

— Tu redeviens juge ! s’exclama sa femme en riant.

— Je ne m’en cache pas… cette cause m’intrigue. Il fut entendu que Mme Rougeard irait chez cette Mme Pradon qui donnait son adresse.

Marie Podel avait eu l’intention de brûler ce papier avec quelques autres et il avait glissé tout simplement sans qu’elle s’en aperçût.

Mme Rougeard se rendit chez Mme Pradon. Ce fut Rose qui lui ouvrit, Rose qui attendait toujours des nouvelles de Marie et qui ne se douta pas que cette dame en apportait.

— Madame, je suis indiscrète en me présentant chez vous… mais je viens me renseigner au sujet de Marie Podel que vous avez eue à votre service.

Madame Pradon s’écria :

— Vous en êtes contente, n’est-ce pas ?

— Enchantée.

— Elle n’a pas sa pareille !

— Pourquoi n’est-elle pas restée chez vous ?

Mme Pradon resta prise de court. Elle balbutia :

— Elle ne s’accordait pas très bien avec la femme de chambre.

De la façon dont Mme Pradon avançait ce prétexte, Mme Rougeard devina qu’elle mentait. Elle dit doucement :

— Vous m’en voyez surprise… Cette jeune femme me paraît la douceur même.

Mme Pradon s’écria :

— Je préfère vous avouer toute la vérité.

Enfin, la femme du magistrat allait savoir quelque chose.

Mme Pradon dit, mi-sérieuse, mi-rieuse :

— J’avais peur de Marie !

— Peur ? s’exclama Mme Rougeard, confondue.

— Oui. Je dois vous dire que j’ai deux enfants ; or, Marie ne pensait qu’à rôder autour d’eux, à les embrasser, à les serrer dans ses bras. Elle voulait même les promener ! Oui, Madame, les promener… sans doute pour me les enlever.

— Que m’apprenez-vous là ?

— Je vous dis l’exacte vérité, que je puis vous faire confirmer par la nurse. Marie est une énigme