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ÉPREUVES MATERNELLES

ce sujet… car votre profession de foi, avouée franchement, m’eût fait hésiter.

— Comme c’est facile à dire après coup ! vous pouvez vous donner toutes les vertus, mais ces grands mots ne prennent pas avec moi. Je chercherai un châtiment qui puisse vous atteindre comme je le suis moi-même dans mes idées.

Subitement, Denise cria d’une voix déchirante :

— Mes enfants !…

Elle avait eu peur tout-à-coup, que Mme Zode ne les ramenât pas. Dans un éclair, elle réalisa que cette promenade, ces appels de téléphone, cette scène étaient une machination, afin de permettre à son mari de lui reprocher son « crime » et de faciliter à la cousine Zode de les conduire vers un but déterminé.

De nouveau, elle cria comme une mère à qui l’on arrache ce qu’elle a de plus tendre.

— Mes enfants ! Je serai docile à l’avenir, mais que mes enfants reviennent.

Domanet, sans répondre, sortit de la pièce. Denise se prit la tête à deux mains. Elle sentait un vertige l’affaiblir. Se pouvait-il que son mari la punît parce qu’elle avait voulu laver ses chers petits du péché originel ?

Se pouvait-il qu’il lui tînt rigueur de lui avoir désobéi dans cette circonstance ? N’était-il pas assez riche pour être indépendant et son ambition ne se lasserait-elle pas ?

Elle ne savait plus ce qu’elle pensait. Mille idées confuses tournoyaient dans son cerveau. Elle évoquait surtout une autre vie : une lente coulée de jours paisibles dans un intérieur modeste, mais doux. Rêve stérile !

Elle regarda la pendule. Il était quatre heures. Elle se figura que la cousine Zode aurait dû être rentrée, puis elle se calma.

N’avait-elle pas prévenu que Richard et Rita goûteraient dehors ainsi qu’elle leur avait promis et qu’ils ne seraient pas de retour avant cinq heures au moins… s’ils rentraient…

S’ils rentraient !… À l’hypothèse d’un enlèvement un frisson courait sur la nuque de la pauvre mère. La cousine Zode lui apparut comme un monstre. Sûrement c’était elle qui s’était renseignée à la paroisse