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ÉPREUVES MATERNELLES

et qui avait annoncé à Paul Domanet avec une joie diabolique, que les enfants étaient baptisés.

Pour cette femme sans cœur, c’était une aubaine dont elle n’avait pas tardé à faire usage.

Elle se plaisait à accumuler toutes les charges contre Denise pour troubler son foyer et lui aliéner son mari.

Denise courba la tête sous le faix de ses pensées. Fiévreuse, elle regarda marcher l’aiguille de la pendule, ne sachant plus si elle vivait ou non. Qu’avait-elle commis pour avoir tant de souffrances à supporter ? Enfin, vers cinq heures un quart, au moment où l’espérance s’éteignait en elle, elle entendit les voix chéries résonner dans l’antichambre.

Le Seigneur était bon !… Il n’avait pas permis la machiavélique solution. Ses enfants lui étaient rendus. Une prière sortit de son cœur oppressé et elle courut au-devant d’eux.

— Richard ! Rita !

Les deux petits se jetèrent dans ses bras.

— On s’est bien promené, tu sais, maman. Et puis, on a mangé de bons gâteaux.

— Et puis, un agent nous a aidés pour traverser la rue.

— Nous avons vu guignol.

À peine si Denise écoutait ce babillage puéril. Elle renaissait. La vue de ses chérubins qu’elle croyait ne plus serrer dans ses bras pendant longtemps, la transportait de joie. Ses idées sombres s’envolaient. Elle se blâma même de les avoir prêtées à son mari. Un père ne peut priver une mère de ceux qu’elle a mis au monde.

La cousine Zode s’avança :

— Vous voyez qu’ils ont été bien soignés et qu’ils sont heureux.

Denise articula un remerciement. Mais sa douceur naturelle se changea soudain en une rancune pour celle qui provoquait tant de mal.

Alors que la cousine Zode s’étendait sur la promenade et qu’elle en défaillait le parcours, Denise ne pensait qu’à avoir um explication avec elle. Son aversion pour les scènes était cependant bien réelle, mais elle ne pouvait rester neutre au milieu des