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ÉPREUVES MATERNELLES

complots ourdis contre elle. Il fallait que de temps à autre, elle se montrât dans une attitude ferme.

Elle renvoya les enfants à leur nurse et dit :

— Mon mari vient de m’apprendre qu’il a su que ses enfants avaient été baptisés.

Il y eut un silence. La cousine Zode contemplait Denise avec un sourire.

— Je suppose que vous êtes allée vous renseigner et que vous avez averti votre cousin de ces faits ?

Devant ce coup droit, Mme Zode eut un geste d’ennui, mais se reprenant, elle feignit la surprise.

Eh ! quoi ! mon cousin était ignorant de cette circonstance si naturelle ? Est-ce possible ? Je lui en ai parlé incidemment en toute innocence.

— En toute innocence ? releva Denise.

— J’ignorais absolument que ses principes fussent à ce point opposés à une cérémonie à laquelle tout père a le devoir et la joie de procéder. Ce cher Paul a vraiment des idées bizarres… je suis navrée, ma petite Denise, d’avoir été la cause indirecte de reproches de la part de votre mari… J’espère que vous me pardonnerez !

La voix de la cousine Zode était douce, mais ses regards aigus. S’ils avaient pu transpercer Denise, certainement ils l’eussent fait.

Denise ne répondit rien tout d’abord à ces paroles aussi mielleuses que fausses. Puis, écœurée par tant de duplicité, elle s’écria :

— Que vous ai-je fait pour que vous vous acharniez sur moi avec autant de férocité ?

Madame Zode riposta d’un ton étonné qu’elle sut prendre à merveille.

— Mais vous divaguez, ma pauvre petite ! Je suis victime, tant et plus, de maladresses qui retombent sur moi comme des fautes écrasantes. Ce serait à moi de me plaindre de ma situation !… Je suis la seule parente de Paul et je suis traitée chez lui comme une étrangère suspecte. C’est vraiment affligeant et cela me peine beaucoup.

Denise ne répondit rien à ces paroles. Elles ne la touchèrent pas, non plus que la larme que Mme Zode essuya au coin de son œil.

Elle rentra dans sa chambre, s’habilla pour se rendre à une mondanité indispensable où elle devait retrouver son mari.