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AUTOUR D’UN CANDIDAT

décourager cette mère, ne sachant pas ce que l’avenir réservait. Il se pouvait que Marcel s’éprît de Louise.

Cependant, elle sentait le besoin de détromper Mme Lavaut, ne serait-ce que pour Mme Lydin qui aurait pu en avoir de l’ombrage.

Elle accusait mentalement son mari de l’avoir amenée à une gaffe de première grandeur et elle se promettait de ne pas lui cacher son opinion.

Elle répondit donc :

— Mon Dieu, chère amie, je serais enchantée d’être la cause indirecte d’un mariage entre Louise qui est charmante et Marcel qui ne l’est pas moins… Cependant, j’avoue ne pas avoir envisagé cette éventualité… Je pense surtout à la candidature de notre futur député…

Mme Lavaut était un peu désarçonnée, mais la politique était de ne pas le montrer ; elle riposta donc habilement :

— Je comprends que, par délicatesse autant que par prudence, vous ne vouliez pas m’avouer votre dessein secret… Je reconnais là votre intelligence et votre cœur, mais vous n’êtes pas sans savoir que Louise est une enfant timide qui n’aime pas aller de l’avant… Il faut qu’elle soit aidée, et qui pourrait mieux le faire qu’une excellente amie, qu’une bonne et chère amie comme vous ?

Mme de Fèvres était un peu agacée et elle répondit avec la brusquerie qui revivait parfois chez Jeanne :

— Vous me comblez et vous m’embarrassez grandement… Je ne puis prendre parti pour