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AUTOUR D’UN CANDIDAT

— Cette chère amie est toute à son élection !

— Oui, elle se donne beaucoup de mal, repartit Mme Lavaut.

— Je crois que cela l’amuse, continua Mme Lydin un peu énervée. Entre nous, elle aime l’intrigue et la domination.

— Je la trouve très bonne, interrompit Mme Lavaut, et très charitable…

Mme Lydin s’imagina que cette parole lui était décochée parce qu’elle médisait et aussi parce qu’on la savait sans grands moyens, et elle riposta humiliée :

— Avec une fortune pareille, ce serait criminel de pas faire le bien… Elle se doit de dépenser sans compter… Mais Mme de Fèvres poursuit un but : elle veut marier sa fille avec Marcel Gémy afin de devenir une personnalité dans ce pays…

— Comment !… je croyais que Jeanne ne voulait pas se marier ?

— On dit cela, et puis, un beau jour, l’ambition vous empoigne… On songe plus à la situation qu’au mari… On veut être la dame influente…

Mme Lavaut était totalement désorientée et ne se sentait plus du tout le cœur de défendre Mme de Fèvres qu’elle jugeait maintenant un abîme d’hypocrisie.

Elle murmura :

— Je ne prévoyais pas cela… Mme de Fèvres paraît si franche… Et puis, si ce projet était sérieux, nous aurait-elle invités tous ? Nos filles pouvaient devenir des rivales de Jeanne…

— Eh ! n’est-ce pas humain, chère amie, de montrer à de malheureuses mères le bonheur