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AUTOUR D’UN CANDIDAT

pourras chasser tant que tu voudras, mais il s’agit d’abord de la gagner…

— Vrai… fit Alfred intéressé.

— Oui, tu seras au milieu d’un parterre plein de délices et les papillons voltigeront à ta portée…

— Mais ce sera le paradis !… Je ne vois qu’un berger ou un roi pour avoir une situation pareille !

— Sois sérieux… Il y a des positions intermédiaires…

— Ne me fais pas languir, maman !

— Eh bien !… deviens le mari de Jeanne de Fèvres…

— Hein !… moi ?… clama Alfred en sautant sur ses pieds… mais cette chère Jeanne m’enverrait promener avec tous les honneurs qui seraient dus à une semblable requête !… Elle ne veut pas se marier. Elle a arrangé sa vie au milieu de ses pauvres, de ses malades, de ses dévouements multiples… Elle est liée à cent causes plus louables les unes que les autres. On l’admire, mais on n’oserait pas l’épouser… À la première parole que je lui soufflerais de ces choses, son regard me clouerait sur place !…

— Comme tu parles bien, mon fils, brusqua Mme Lavaut… Quand on est si bon avocat, on sait convaincre. Donc, tu persuaderas Jeanne qu’il lui faut un mari pour gérer sa propriété, et que ce mari sera toi…

— Mais… mais… comme tu y vas… maman !

— Je ne veux pas m’être déplacée pour rien… Ta sœur enlaidit, et toi, tu as l’air d’un idiot avec ton filet à papillons… Que ce filet