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AUTOUR D’UN CANDIDAT

fille. Elle lui lançait des coups d’œil furtifs qui lui enjoignaient de se taire, mais Louise semblait le jouet d’une inconscience totale.

Plus sa mère accumulait les signes d’écrasement d’une telle conduite, plus Louise renchérissait sur la joie qu’elle avait éprouvée à causer avec Mme Gémy. Mme Lavaut la contemplait muette et atterrée. Elle se demandait si sa fille était devenue subitement folle, ou si quelque ruse la poussant, elle se moquait d’elle. Cependant, elle croyait bien la connaître, molle et sans initiative.

Marcel Gémy remarquait l’ahurissement de cette mère, mais il n’en saisissait pas les motifs. Elle ne devait pas être, comme lui, ignorante du caractère de sa fille, et elle n’avait pas le prétexte de la surprise pour accuser un tel désarroi.

Il dit, pour remettre un peu de chaleur dans l’entretien :

— Votre fille a un cœur parfait, Madame…

Louise s’écria triomphalement :

— Tu vois, maman, il le sait maintenant !…

Mme Lavaut ne put que s’effondrer dans un rocking-chair. La leçon qu’elle avait si bien faite à sa fille portait des fruits tardifs et ils tombaient malencontreusement.

Elle serrait ses tempes entre ses mains, réfléchissant à ce qu’elle devait dire, ayant peur d’apprendre que Louise s’était trop avancée auprès du député manqué. Elle ne le voulait plus du tout pour gendre. Ce qu’elle désirait était une situation en vue, un salon rempli de personnalités, et ce pauvre blackboulé ne lui convenait plus.

Du moment qu’elle voulait diriger Louise,