Page:Fiel - Autour d'un candidat, 1929.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
90
AUTOUR D’UN CANDIDAT

Isabelle la contemplait en souriant, puis, quand elle constata que l’irritation de sa mère croissait, elle lui dit paisiblement :

— Ne te mets donc pas dans des états pareils, maman… cela ne sert absolument à rien qu’à te fatiguer…

— Mais, comprends donc, rugit Mme Lydin, tu n’aurais qu’à vouloir…

— C’est inutile, ma chère maman, je te le répète, parce qu’Alfred et moi nous sommes fiancés…

— Ah ! jeta Mme Lydin dans un cri qui tenait de la surprise autant que de la suffocation… ah ! répéta-t-elle avec un geste de triomphe, et tu ne le disais pas !… Comment cela s’est-il fait ?… Que tu es intelligente, ma bonne petite fille !

— Pas du tout… cela est venu bien simplement… il m’épouse parce que je suis gaie et que je sais fort bien attraper les papillons…

— Le cher enfant !… comme il a su deviner le cœur que tu es…

— Peut-être a-t-il deviné le cœur que j’ai, rectifia Isabelle en riant, parce que je cours vite et sans m’essouffler…

Mme Lydin ne parut pas entendre ce trait d’esprit. Elle songeait, radieuse. Sa mission à elle était terminée, sa fille était casée.

Elle interrompit ses bagages pendant qu’Isabelle lui narrait de nouveau le récit de ses fiançailles.

Avant le déjeuner, M. et Mme Lavaut vinrent confirmer à Mme Lydin le choix de leur fils. Ils furent fort aimables. Ce fils, avec ses allures de savant, les déroutait un peu et ils étaient fort aises de lui voir un foyer.