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CINÉMA !… CINÉMA !…

au mariage d’une jeune fille dont la mère était une amie de la famille.

L’imagination de Claudine s’envola. Quelle toilette aurait-elle ? Sûrement, celle qu’elle avait vue, portée par la vedette admirée.

Elle consulta sa bourse et conclut :

— J’aurai 10 000 francs à mettre à cette robe, ce sera suffisant. Je n’aurai pas de bijoux, mais à dix-neuf ans, on peut s’en passer.

Le dimanche, pâle de joie, elle s’assit au cinéma où elle respira, heureuse. Elle avait un voisin, plutôt jeune. Il lui parla avant que le film ne se déroulât. Elle ne répondit pas, parce qu’elle n’avait pas bien vu le visage de celui qui lui adressait la parole, l’électricité ayant baissé.

Claudine s’abîma dans l’émotion du film qui était pathétique : la jeune première ne se rendait pas aux supplications du jeune homme qui voulait l’épouser ; il semblait cependant persuasif. Les péripéties tinrent en haleine Claudine qui, insensible à ce qui se passait autour d’elle, ne vivait plus qu’avec l’héroïne.

Quand la lumière revint, la jeune fille crut que la pièce continuait, parce que le jeune homme assis à côté d’elle la regardait, et de la même façon, crut-elle, que l’amoureux du film contemplait celle qu’il voulait convaincre.

Claudine eut une secousse. Avait-elle fait une conquête ? Quelle aventure ! Cependant elle ne sembla pas anormale à Claudine, parce que le cinéma déforme les choses naturelles. L’atmosphère entraîne sur un autre plan. La musique, le naturel des acteurs qui incarnent la vie, une vie spéciale mais qui exerce une influence sur les esprits peu formés encore, chez lesquels la réflexion n’a pas mûri. Seule, subsistait la volonté de ressembler à ceux que l’on voyait évoluer avec grâce.

— Mademoiselle, ce film vous plaît, n’est-ce pas ?

— Oh ! oui, Monsieur !