Page:Fiel - Cinéma! Cinéma!, 1953.pdf/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
cinéma !… cinéma !…

Elle eut tout à coup presqu’un gémissement en son­geant qu’elle devrait s’arracher à ces scènes dont elle avait besoin maintenant comme d’une nourriture. Que faire pour que cette ambiance devînt la sienne ?

Une tristesse la tortura et, sans savoir ce qu’elle faisait, elle serra le bras de son voisin de ses deux mains et fut agitée d’un tremblement.

— Qu’avez-vous, petite amie ? Seriez-vous souf­frante ? lui demanda-t-il à voix basse,

— Non, non…

— Un peu de fatigue de la journée d’hier ?

— Oh ! non…

— Alors ? Confiez-moi votre peine.

— Je suis désespérée par la médiocrité de ma vie. Je vous assure que c’est une souffrance intolérable pour moi de vivre dans un appartement mesquin aux meubles sans beauté, aux devoirs ménagers sans au­cune envolée.

— Il faut tout faire avec sérénité, dit gravement le voisin. Soyez raisonnable : votre vie n’est pas finie et elle vous réserve, sans doute, d’heureuses surprises.

— Le croyez-vous vraiment ?

— Certainement !

— Qu’est-ce qui vous le fait supposer ?

— Vous êtes trop jolie pour rester à l’arrière-plan.

Claudine tressaillit de bonheur en entendant ces paroles qui lui donnaient du réconfort. Elle se calma, bien que sa soif d’admirer le film ne fût pas apaisée. Il lui semblait qu’elle était entre deux destins : l’un plein d’attraits, et l’autre impossible à supporter.

Le premier possédait toutes les magies et l’autre rampait dans la terre des jours sans gloire.

À force de penser, son cerveau vacillait comme une barque qui n’a plus de gouvernail. Elle se trouvait misérable parce qu’elle ne pouvait pas étreindre son rêve. Elle escomptait elle ne savait quoi, qui l’arra­cherait à cette attente fiévreuse à laquelle son espoir s’accrochait.