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cinéma !… cinéma !…

d’aller de l’avant, et il a bien fait de se supprimer :

— Tu m’effraies, Maxime !

— Allons, ne fais pas ton petit Gigous ! Nous sommes des forts, des courageux. Profitons des leçons que nous avons sous les yeux et nous arriverons. J’ai fait la connaissance de chics types, et me voici hors du trantran des timorés. Je lâche le collège et j’aban­donne la maison.

— Oh ! Maxime.

— Ne larmoie pas. Mes amis me donnent l’hospita­lité. Je dirai à p’pa et à m’man que je suis employé dans une maison où le patron loge ses aides. Quand j’apporterai de l’argent à nos vieux, ils seront en­chantés et croiront tout ce que je dirai.

— Mais cet argent, où l’auras-tu ?

— Que tu es sosotte, mon petit ! Tu ne devines pas d’où je le tirerai ?

— Non.

— Chez ceux qui en ont ! répliqua froidement Maxime.

Claudine ne put riposter. Maxime lui parut soudain si puissant, si dur et si sûr de soi, qu’elle n’osait plus s’attaquer à lui. Un effondrement la terrassait. Était-ce donc le cinéma qui le pervertissait ? Était-ce sa na­ture influençable qui le portait à ces extravagances ? Pourquoi aussi allait-il toujours voir des films poli­ciers ? Il admirait le jeu des gangsters jusqu’à les copier !

Tel cet enfant, ce Gigous, entraîné vers la mort, parce qu’il ne pouvait satisfaire les rêves fous que développaient en lui les films captivants…

Claudine était bouleversée par ces révélations et elle se jugeait sans péché. Son bon sens était faussé et elle ne s’en doutait pas, parce que ses rêves lui semblaient anodins. Elle ne causait de tort à per­sonne.

Elle pensa avec complaisance à la réunion du di­manche suivant. Comment présenter cette invitation