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cinéma !… cinéma !…

à sa mère ? Soudain, elle jugea que Maxime avait rai­son de se rendre libre.

Ah ! n’avoir plus à discuter avec les parents ! Ne plus demander de permissions, ni solliciter des avis !

Agir comme les personnages d’un film qui allaient tranquillement à leurs affaires sans s’inquiéter de ce qui se disait autour d’eux. Il fallait se donner un peu d’air et ne pas rester confiné dans des idées suran­nées. À force de se dire que la grande liberté était un devoir pour sa génération, Claudine en vint à penser que son frère et elle avaient raison.

Elle se persuadait que le monde des films n’était pas de la fantaisie, mais la vie réelle, un peu en avance sur la vie présente. À eux, les jeunes, de donner l’im­pulsion nécessaire pour vivre en jouissant de toutes les commodités et de tous les luxes.

Le lendemain de ce jour troublant, Maxime rentra avec un monsieur fort élégant qui fut présenté aux parents comme le futur patron de leur fils.

M. Nitol était un peu étonné de l’intérêt que l’on portait à Maxime, mais il se dit qu’il lui serait facile de se renseigner sur cet Albert qui se disait négociant exportateur. Après quelques mots sur les affaires à traiter, M. Albert s’en alla. Il salua la maîtresse de maison avec une correction de grand seigneur. Ce­pendant, elle n’aima pas son regard et surtout ses lèvres qu’elle trouva cruelles.

Maxime, qui avait accompagné le visiteur, revint et dit :

— N’est-ce pas qu’il est chic ?

— Il a grand air, riposta M. Nitol, ou l’as-tu rencontré ? Tu le connais depuis quand ?

— C’est tout un roman. C’est un de mes camarades qui me l’a présenté, le jeune Gigous.

— Un bon petit, dit la mère.

— Un idiot ! rétorqua Maxime. Tu ne sais donc pas, m’man, qu’il s’est donné la mort ?