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cinéma !… cinéma !…

— En effet, je m’occupe de mes propriétés quand je suis en France.

— J’ai cru…

— Vous avez cru au cinéma où vous allez trop sou­vent.

— Si vous parlez comme ma mère… ! ironisa Clau­dine d’un ton persifleur. Enfin, je me suis fourvoyée, mais je garde mes idées. M. Louis Mase m’a promis de penser à moi pour un rôle, je vais aller le trouver.

— Non, Claudine, n’y allez pas : il vous a promis une chose qui ne réussira pas.

— C’est étonnant comme vous vous plaisez à me décourager !

— Je ne sais pas si Louis Mase a quelque crédit auprès d’artistes compétents…

— C’est entendu, vous assombrissez à plaisir les projets que je puis avoir ! Laissez-moi arranger ma vie comme je l’entends ! Au revoir ; je ne vous encom­brerai plus.

Raidie, sans saluer, Claudine traversa ce seuil qu’elle avait franchi avec tant d’espoir et surtout avec une candeur infinie. Elle ne décolérait pas. Elle trou­vait Laroste traître et sans cœur.

Pourquoi l’avait-il comblée de gentillesses et d’at­tentions pour l’éconduire aussi brutalement ? Elle ne comprenait rien à cette affection de frère.

Si cela était, il n’avait qu’à la garder près de lui ; très souvent un frère et une sœur vivent ensemble, et rien n’est plus charmant qu’un tel ménage.

Elle ne lui aurait rien coûté, parce qu’elle avait de l’argent à la banque de quoi attendre un gain futur.

Ne sachant rien de la vie, elle déraisonnait.

Connaissant l’adresse de Louis Mase, elle s’y rendit directement. Le temps la pressait et il fallait qu’elle trouvât un gîte avant la nuit complète. Novembre était sinistre. Un vent dur fouettait le visage et présageait de la pluie. Les passants emmitouflés pressaient le pas, ayant hâte de regagner un logis chaud.