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cinéma !… cinéma !…

mais habitué à toutes les situations, en garçon bo­hème qu’il était, il s’écria :

— Ça ne va donc plus avec la famille ?

— Non, murmura Claudine en pleurant.

— Oh ! pas de drame ! lança Coralie durement.

La jeune fille refoula ses larmes et dit :

— Je croyais, Monsieur, que vous pourriez me procurer une situation.

— Ah ! oui, c’est entendu ! mais je ne l’ai pas dans ma poche : il faut l’occasion et le temps aussi pour parler aux camarades.

La voix de Coralie, de nouveau, jeta :

— Si vous croyez qu’on vous attend ! Vous en avez des spécimens dans votre genre ! Moi aussi, j’espère un jour être une star !

Une star ! cinéma ! Claudine frissonna. Elle mesura toute la distance qu’il y avait entre le mirage qu’elle n’avait pas voulu effacer de son esprit et la réalité qui l’assaillait.

Devrait-elle donc habiter dans un logis semblable avant de triompher ?

L’appartement de ses parents était coquet, à côté de cette pièce sordide, aux murs suintants d’humi­dité, au papier qui tombait et dont certains panneaux étaient retenus par des clous.

Louis Mase lui parla :

— Ce n’est pas tout ça, ma petite : il faut vous armer de courage et retourner chez papa. Vous serez grondée pour votre escapade, mais l’honneur est sauf. Vous êtes trop naïve pour que je songe à être l’instru­ment de vos déboires. Retournez chez vous.

— Je ne pourrai pas, sanglota Claudine.

— Quelle stupidité ! dit Mase crûment. Si vous n’avez pas assez d’énergie pour affronter vos parents, alors que vous êtes sûre de leur tendresse, que ferez-vous devant les rebuffades multiples que vous essuie­rez au long de la vie, surtout si vous persistez dans la carrière qui vous hypnotise ? Mais assez causé,