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cinéma !… cinéma !…

je ne serais pas restée dans cette horrible chambre ! Chez Laroste, oui ; oh ! que c’est bien, chez lui ! Oh ! ma tante, c’est dommage qu’il m’ait renvoyée. Il me semble que cela se passait comme au cinéma.

— Ma petite fille, tes rêves sont décidément dan­gereux. Je ne puis qu’admirer ce M. Laroste qui a eu le courage de renvoyer une innocente qui venait se jeter dans la gueule du loup.

— Moi, répliqua Claudine, je ne comprends rien à tous ces hommes-là ! Ils sont gentils, et tout à coup, ils ressemblent à des monstres.

— Mon enfant, tu t’es trop habituée à l’écran du cinéma, tu t’es faussé l’imagination, tu as vu la vie comme une belle image, et maintenant tu es là devant des ruines. Mais parlons sérieusement : tu veux aban­donner tes parents ?

— Eux, non, mais l’existence que je mène près d’eux. Maman est forcément terre à terre, avec ses besognes ménagères, et papa qui ne pense pas au luxe et qui se contente d’un bridge chez un ami qui n’est pas mieux logé que nous. Oh ! que tout cela me lasse et m’opprime !…

— Pourtant c’est coquet, chez vous !

— J’étouffe dans ces milieux-là !

— Tu auras du mal à te corriger. Il faut cepen­dant prendre le dessus et te contenter de ce que tu as. Retrouve ton cœur et pense au chagrin de ta mère.

Il y eut un silence que Philogone interrompit :

— Et ton frère, que devient-il ? Il me semble que vous vous accordiez bien ?

— Mon frère ? Il pense comme moi, mais, plus heureux, il s’est rendu libre et n’habite plus avec nous.

— Comment ! En voilà du nouveau ! Et toi, petite sotte, tu as voulu l’imiter ? Il allait donc au cinéma, lui aussi ?

— Beaucoup plus souvent que moi.